atlas ≈ découverte de l'île.

Vous l'aurez sûrement compris maintenant : Tristan da Cunha n'est pas une île comme les autres. De par son isolement, il s'agit d'un véritable petit microcosme, où chacun trouve sa place. Ici, nous allons détailler les éléments essentiels concernant la vie sur l'archipel ; merci d'accorder à ce petit précis une lecture attentive, nécessaire à l'appréhension de l'univers que nous tentons de dépeindre.    

Sommaire
≈ informations générales
≈ brève chronologie
≈ la nature sur l'île
≈ le quotidien
≈ pour aller plus loin : ressources artistiques
≈ le forum en images (moodboard)

Tristan da Cunha, communément appelée Tristan, est l'île principale de l'archipel éponyme, située dans l'océan Atlantique, dans l'hémisphère sud. Tristan da Cunha dépend du Royaume-Uni, faisant partie du Territoire d'outre-mer rassemblant les îles de Sainte-Hélène, Ascension et Tristan da Cunha.

L'île se trouve à 2790 kilomètres à l'ouest de la ville du Cap en Afrique du Sud, et 3222 kilomètres à l'est-sud-est de l'état brésilien de Rio de Janeiro. La terre la plus proche est l'île de Sainte-Hélène, à 2420 km au nord/nord-est. De ce fait, elle est réputée pour être l'endroit habité le plus isolé sur terre.

≈ localisation de l'île:

≈ Quelques éléments clés
Longueur maximale de l'île : 11 km
Superficie : 98 km²
Population : 270 habitants environ
Village : Edinburgh of the Seven Seas (surnommé The Settlement/La Colonie)
Administration : un administrateur·ice (nommé·e par le gouvernement du Territoire d'Outre-Mer), un conseil insulaire (composé de onze habitants élus).

Tristan da Cunha est une île connue depuis les XVIème siècle, qui n'était auparavant pas habitée. C'est au fil du temps que la vie s'y est installée ; nous vous proposons ici un bref aperçu de l'historique insulaire, dont l'histoire reste assez récente.

1506 ≈ Découverte de l'île par Tristão da Cunha, navigateur portugais ayant donné son nom à l'île. Il n'accostera toutefois pas sur l'île, de par des conditions marines difficiles.
1643 ≈ Première exploration de l'île, effectuée par un équipage néerlandais.
1816 ≈ Colonisation britannique de l'île et annexion officielle au Royaume-Uni.
1916 ≈ Première éruption du Queen Mary's Peak.
1961 ≈ Éruption importante du volcan, évacuation des habitants de l'île en Angleterre. L'éruption ne touche finalement qu'une habitation mais laisse une importante coulée au-dessus de la Colonie.
1963  ≈ Retour des habitants sur l'île après deux ans d'exil, en dépit de la possibilité de s'installer au Royaume-Uni.
2001 ≈ Première liaison internet par satellite.
2008-2009 ≈ Incendie de la conserverie de langouste, reconstruction par les habitants, réouverture.

L'île est évidemment régie par un lien très fort à l'environnement naturel, et les habitants ont appris à adopter ce morceau de terre né d'un volcan. Possédant une biodiversité riche et très variée, l'archipel est un véritable paradis du biologiste. Voici un petit tour d'horizon des éléments naturels en présence.

≈ Le climat
De par sa situation au cœur de l'Atlantique Sud, Tristan bénéficie d'un climat océanique. Les températures y sont douces et connaissent peu de variations, allant d'une vingtaine de degrés l'été à environ 10 degrés en hiver. La moyenne annuelle est de 15,1 degrés.
Il faut noter que, l'île se trouvant dans l'hémisphère sud, les saisons y sont à l'inverse du nord : l'été a lieu de décembre à mars, tandis que l'hiver est de juillet à septembre.
On retrouve sur Tristan da Cunha une moyenne de 251 jours de pluie par an, et il n'y a pas de réelle saison sèche. Les vents sont fréquemment forts, voire très forts, et les ouragans et tempêtes ne sont pas rares.
Du fait de l'altitude, de fortes variables existent entre les terres les plus basses qui bénéficient d'une météo plus clémente, et les hauteurs des plateaux et du sommet du Queen Mary's Peak, régulièrement enneigé.

≈ Les paysages
L'île est de nature volcanique, distillant sa roche noire de toutes parts. Son point culminant est le sommet du volcan, le Queen Mary's Peak (2062 mètres d'altitude). Les limites de l'île sont quasiment toutes constituées de falaises, plus ou moins hautes et à l'exception de quelques rares plages. Les zones les plus basses de l'île forment principalement des pâturages pour les animaux domestiques et sauvages, et des étendues d'herbe et d'arbustes.

≈ La flore
Tristan da Cunha accueille de nombreuses espèces endémiques de plantes, c'est-à-dire qu'elles ne vivent que dans l'archipel. Parmi elles, on dénombre une cinquantaine de fleurs qui sont originaires de l'île, et près de quarante espèces de fougères et de mousse. Plusieurs arbustes produisent des baies, et notamment les island berries  semblables à des airelles, qui n'existent qu'ici. On trouvera aussi plusieurs variétés d'algues, des vignes sauvages, ainsi qu'une plantation de pins et d'arbres fruitiers importés par l'homme dans une des zones les plus chaudes de l'île. En dehors de cela, les arbres sont rares sur l'île, qui souffre de vents violents empêchant leur pousse.

≈ La faune
L'île héberge une grande variété d'animaux, sur terre comme dans les flots.
Des populations de moutons et de chevaux sauvages y ont été recensées, se mêlant aux nombreux troupeaux domestiques (principalement des brebis et des vaches).
Dans les airs, on dénombre trois espèces d'oiseaux endémiques : l'Albatros à nez jaune (la plus commune sur l'île, surnommée affectueusement Molly), l'Albatros de Tristan (dont l'île est le seul lieu de nidification), l'Albatros brun.
Un autre animal propre à l'île est le pingouin Gorfou de Moseley (Northern rockhopper penguin), connu sur l'île sous le nom de Pinnamin et régulièrement observé dans l'archipel, qui est son principal lieu de vie.
Tristan n'est pas non plus en reste quant il s'agit de la vie marine, bien au contraire. On voit régulièrement des cétacés dans les flots l'entourant, notamment  la Baleine franche australe, la Baleine à bosse, le Grand cachalot, et le Cachalot pygmée. Les phoques, otaries et éléphants de mer viennent également souvent s'attarder sur les plages de sable noir de l'île.

On le perçoit très vite lorsque l'on arrive sur Tristan : la vie semble, ici, s'écouler différemment. Parce que l'on est loin du reste du monde bien sûr, mais aussi parce que l'on vit ensemble, toujours. Ici, quelques éléments concernant la vie quotidienne sur l'île et son organisation.

Le système économique
≈ Le système économique de l'île repose essentiellement sur l'auto-suffisance des habitants et la mise en commun des biens.  Les fruits, légumes, poissons et viandes sont globalement produits par les tristanais pour leur consommation personnelle ou pour l'échange avec les autres insulaires. Les autres produits du quotidien sont disponibles à la supérette ou à commander, en provenance de l'Afrique du Sud.
≈ L'île vit principalement de la pêche et l'exportation, notamment du Tristan Rock Lobster (une variété endémique de langouste), conditionné à la conserverie qui emploie une grande majorité des habitants et réputé dans le monde entier. D'ailleurs, on la consomme fraîche sur l'île, préparée en une tourte appréciée (qui donne lieu chaque année à un concours).
≈ D'autres ressources proviennent également de la commercialisation de l'artisanat local, principalement de vêtements et accessoires confectionnés en laine et vendus par correspondance. De la même manière, la vente de timbres collectors aux philatélistes du monde entier, est une source de revenu pour l'île.
≈ En effet, toutes ces productions communes financent directement la communauté, permettant de financer les services publics locaux, notamment éducatifs et médicaux.

Les aspects pratiques
≈ Il n'y a qu'une seule route sur Tristan da Cunha, qui fait le tour de Queen Mary's Peak. Le village d'Edinburgh of the Seven Seas est le seul endroit réellement habité de l'île ; personne n'utilise son vrai nom, on l'appelle plus simplement la Colonie.
≈ Pour accéder à l'île, on ne peut emprunter que la voie maritime, depuis le Cap en Afrique du Sud. Le voyage dure 6 jours (lorsque les conditions climatiques sont bonnes). Le bateau emprunté par les habitants est un cargo, qui est aussi celui qui transporte les marchandises pour l'île. Il passe environ une fois par mois.
≈ Sur l'île, il y a uniquement deux connexions internet : celle du café où un ordinateur est à disposition, et celle de la station scientifique. On capte aussi deux chaînes de télévision britanniques de la BFBS (British Forces Broadcasting Service), proposant un mélange de programmes provenant de la BBC, Channel 4, ITV, Skynews...
≈ La grande majorité des jeunes de l'île cesse sa scolarité à dix-huit ans, quand se termine l'enseignement dispensé sur Tristan. Ils prennent alors des postes à la conserverie ou dans les services publics de l'île. Les quelques autres rejoignent généralement le continent pour suivre des études supérieures, ou bénéficient de cours par correspondance.
≈  L'hôpital dispense des soins d'urgences, de consultation générale, d'ophtalmologie, de gynécologie, de radiologie et de dentition. Pour les soins conséquents, les habitants séjournent généralement au Cap (Afrique du Sud).
≈ Pour couvrir l'ensemble des métiers nécessaires au bon fonctionnement de l'île, il n'est pas rare que des étrangers viennent renforcer les équipes, généralement pour des périodes d'une ou plusieurs années. Parmi eux, certains font parfois le choix de rester.

L'esprit de communauté
≈ Sur Tristan, la collectivité revêt une place particulièrement importante, et l'on peut toujours compter sur ses voisins. La plupart des insulaires travaillent à temps partiel dans l'un des services de l'île, consacrant le reste de leur temps à des activités bénévoles pour faire fonctionner l'île (pêche, agriculture, artisanat...) ou pour assister les autres insulaires. Il n'est ainsi pas rare de prendre quelques jours pour aller aider à construire une cabane, confectionner une barrière ou réparer un toit, selon les besoins du moment.
≈ La notion de loisir est donc assez présente, puisque le quotidien se répartit entre travail et activités non-rémunérées. Peu de place pour le temps libre cependant ! Parmi les occupations les plus fréquentes, citons : la pêche bien sûr, le jardinage, le maraîchage, le tricot, la tonte des moutons, le ramassage d’œufs, la randonnée, le golf, le football dont la passion s'est diffusée jusqu'ici, ou encore l'observation des animaux sauvages.
≈ La vie quotidienne est régie par cet esprit de communauté : les rassemblements sont nombreux, et tout est une occasion à se réunir, au rythme des mariages, anniversaires, et autres fêtes (pour aller plus loin sur le sujet, voir tristan times).

Petit bonus : nous avons rassemblé ici pour vous quelques liens et œuvres évoquant Tristan da Cunha et la vie si particulière sur l'île. A consulter sans hésitation si la curiosité vous pique !

≈ En premier lieu, on ne peut que vous conseiller un tour sur le site officiel de l'île (en anglais) extrêmement fourni quant à la communauté, l'environnement, ou encore les produits artisanaux produits sur Tristan (si vous souhaitez nous vous offrir des chaussettes!)

≈ Comment ne pas citer ensuite le film qui a inspiré et donné son nom au forum ? Le court-métrage 37°4'S (12 minutes), réalisé par Adriano Valerio en 2013, a été tourné par le réalisateur sur l'île.

De nos jours, à Tristan da Cunha : 270 personnes vivent sur cette petite île perdue au milieu de l'Océan Atlantique. Nick et Anne, deux adolescents, se connaissent depuis toujours, et sont amoureux depuis l’enfance. Mais Anne a choisi de partir étudier en Angleterre, à 6152 miles de Tristan.

Et vous avez de la chance : le film est disponible en ligne, n'hésitez pas à le découvrir!

≈ Citons également le roman Tristan, publié en 2018 par l'autrice française Clarence Boulay.

Tristan, l'île cerclée par les embruns de l'Atlantique sud, ils en ont rêvé ensemble. Quand ils ont appris qu'il ne restait qu'une place à bord du bateau, ils ont tiré au sort. Et Ida a embarqué seule. Au sein de la petite communauté de Tristan, elle goûte à une vie simple gouvernée par la nature et le naufrage. Sur un coup de tête, Ida suit trois sauveteurs sur un îlot ravagé par une marée noire. Sa vie va basculer...

Retrouvez-la dans cette émission, consacrée à l'île et à son roman.

≈ Tristan da Cunha inspire sans nulle doute les écrivains, car Hervé Bazin a lui aussi consacré une œuvre à l'île, et particulièrement à l'évacuation de la grande éruption de 1961 : Les Bienheureux de la Désolation (1970).

Une éruption volcanique projette une petite communauté insulaire, sans transition, de la vie la plus rude aux facilités de la société de consommation. Ces hommes et ces femmes regardent le progrès et ce qui en résulte avec les yeux d'habitants d'une autre planète. Deux ans... Et ils n'ont de cesse de retrouver leur île désolée.

≈ Enfin, nous vous invitons à découvrir Empire du photographe Jon Tonks, qui a documenté la vie dans les Territoires d'Outre-Mer Britanniques, et a notamment consacré une série à Tristan da Cunha. En plus d'être splendides, ses photographies nous donnent un bel aperçu du quotidien insulaire, à travers des paysages mais également des portraits. Encore une fois, c'est en ligne ici!

Bonnes découvertes, n'hésitez pas à partager avec nous vos avis ou d'autres références